Il y a de nombreuses manières de pratiquer le voyage sonore. On parle aussi de bain sonore. Ce sont des pratiques en collectif. En individuel, cela peut s’appeler un massage sonore, dès lors que les instruments et/ou la voix touchent directement le corps. Le massage sonore peut comprendre également le recours aux diapasons thérapeutiques.
Les sons, au travers de leurs différentes résonances, ont le pouvoir de réharmoniser et de réaccorder l’être, dans ses différents plans : corporels et subtils. Les sons viennent en effet traverser le corps et résonnent dans l’eau dont notre corps est largement constitué.
Le voyage sonore et le massage sonore se reçoivent. Participer à un voyage sonore, c’est se placer dans une situation d’accueil de ce qui se passe, de ce qui est. Ce sont des pratiques de l’instant présent, permettant d’être pleinement présent ici et maintenant, dans une forme de pleine conscience. Le donneur du voyage sonore se place lui aussi dans cette verticalité de l’instant présent, entre passé et futur.
Il est important de donner une intention au voyage sonore pour celui qui le donne et/ou pour celui qui le reçoit. Cette intention peut émerger à tout moment. Le donneur la précise aux participants avant le voyage ou bien après. Le participant peut également poser sa propre intention, par rapport à ce qu’il souhaite améliorer dans sa vie.
Le voyage sonore est souvent considéré comme une pratique de relaxation ou de méditation. Mais ce n’est pas pour autant qu’il est toujours confortable, venant apporter une détente totale. Cela peut venir frotter ou remuer un peu, dès lors que le travail de réaccordage est en cours. De fait, même la méditation peut remuer certaines couches de notre être : si elle nous apporte globalement un bien-être ou un mieux-être, elle n’est pas toujours agréable à chaque instant. Il en est de même pour le voyage sonore. Dans ce cas, respirer avec permet d’accompagner ces processus de transformation.
Pourquoi parler de voyage ? Parce que l’esprit part se promener. Ce n’est pas forcément pour autant qu’il quitte le corps ou s’en détache. L’être (le corps et l’esprit) entre facilement en état modifié de conscience grâce aux sons. Cela permet de quitter le flot des pensées le temps du voyage sonore, notamment parce que le mental est surpris, aussi bien par les sons que par l’intensité physique des vibrations. Le mental est donc aidé pour se concentrer sur les sons et les sensations provoquées dans le corps. Un état modifié de conscience peut être simplement un état entre veille et sommeil, un état de détente (et aussi d’inspiration), caractérisé par la présence majoritaire d’ondes alpha dans le cerveau. Cela permet d’activer le système parasympathique, dont nous avons bien besoin dans nos vies dont le rythme peut être très rapide. Mais cet état modifié de conscience peut aussi être plus profond dans le voyage sonore, le cerveau passant en ondes delta voire thêta. Dans ce cas, il est possible d’avoir des visions ou des ressentis différents, qui peuvent ressembler à l’univers des rêves.
Les instruments du voyage sonore sont des instruments harmoniques, différents des instruments de musique classiques. Ils facilitent l’accès à ces états modifiés de conscience.
A la fin du voyage sonore, il est important de susciter un temps de silence. C’est un temps de repos et d’intégration, après l’intensité des sons et éventuellement des vécus. Le son n’a de valeur que dans le silence. De même, il est nécessaire d’ouvrir ensuite un temps d’échange collectif après le voyage sonore, pour donner la possibilité d’exprimer ce qui a été ressenti. Bien sûr cela n’a rien d’obligatoire de partager ses sensations. Mais c’est important de les laisser sortir de soi, à l’oral (collectivement ou individuellement), à l’écrit, sur un dessin, en dansant… peu importe le mode d’expression. Le vécu du voyage sonore doit pouvoir traverser et les sensations expérimentées n’ont pas toutes vocation à demeurer dans le corps.
Finalement, le voyage sonore relie le corps et l’esprit. En effet, les vibrations des instruments et de la voix viennent percuter et traverser physiquement le corps. Les résonances et les harmoniques viennent parler à l’esprit et aux différents plans subtils. Le voyage sonore aide donc à s’unifier dans la totalité de son être.
Le voyage sonore façon Dhyana Mudra, quelles sont les particularités ?
La première particularité se situe dans le fait que je chante. Je chante pour accompagner les instruments ou bien ce sont les instruments qui m’accompagnent, selon les moments. J’utilise plusieurs manières de chanter. D’abord, je pratique le chant libre ou intuitif (on peut l’appeler de différentes façons) : je chante ce qui vient. Les notes me parviennent, me traversent et je les émets. Mais parfois je peux aussi reprendre des chants qui sont venus avant et que j’ai un peu retravaillés : dans ce cas c’est de l’improvisation. Ensuite je chante diphonique, selon la technique de chant harmonique que j’ai apprise auprès de Catherine Darbord (voir l’article sur le chant harmonique). Finalement, j’aime utiliser des chants sacrés. La plupart du temps il s’agit de mantras, mais j’utilise aussi des chants amérindiens (ou d’autres encore, toutes les traditions sont bienvenues).
La deuxième particularité vient des instruments. J’ai fait le choix d’aller vers une grande variété d’instruments, car je suis curieuse et j’aime découvrir des instruments de traditions, d’époques et de matériaux différents.
Une troisième particularité : la musicalité du voyage sonore. Je pratique la musique en amateur (le chant et les percussions) dans une école de musique. J’ai appris la sonothérapie avec une enseignante, Catherine Darbord, assez portée sur la musicalité. Je cherche à aller vers une dimension musicale du voyage sonore et cela prend parfois les dimensions d’une improvisation musicale. Certaines dissonances peuvent être bienvenues, mais j’essaie de les éviter. Toutefois cela me paraît un peu prétentieux d’affirmer qu’il s’agit bien là de musique, à moins de donner une définition très large à la musique.
Quels sont les instruments de Dhyana Mudra ?
Les grands classiques du voyage sonore ou du bain sonore sont les bols tibétains et les gongs. Mes bols tibétains – chantants – sont traditionnels et assez variés. Des gongs viennent compléter ces instruments métalliques : un gong solaire (fen gong) et un gong lunaire (tam tam gong).
Mon chouchou est le tambour chamanique. Je l’ai fabriqué moi-même avec l’aide de Joël Lévêque, facteur de tambours. Il est en peau de bouc et bois de frêne. J’ai choisi l’animal et l’arbre. Nous avons déjà vécu ensemble plusieurs stages et moments forts.
Un de mes instruments préférés est la toute douce sensula, qui elle aussi a connu de grandes aventures. C’est un instrument moderne issu d’un instrument traditionnel africain, également appelé piano à pouces, la senza ou calimba : la sensula est montée sur une peau synthétique, ce qui lui apporte une résonance différente.
Le kigonki, un drum mélodique, est plus original. C’est un instrument moderne, fabriqué à la main en Espagne. Le mien est en ré mineur.
Pour une partie des instruments de Dhyana Mudra, j’ai fait le choix du 432Hz. C’est le LA fondamental qui est en 432Hz. Aujourd’hui dans nos sociétés occidentales, la norme du LA est fixée à 440Hz. Cela correspond à un intervalle d’environ un quart de ton, vers le grave, entre les notes des instruments en 432Hz et les notes des instruments en 440Hz. Cet écart est faible et en même temps, cela crée des sonorités différentes. Il existe toutes sortes de théories sur les bienfaits du 432Hz par rapport à notre musique conventionnelle. Ce qui me semble intéressant c’est de venir expérimenter cette petite différence qui vient surprendre notre oreille. Le tubalophone est également un instrument en 432Hz. La plupart de ces instruments sont aussi pentatoniques, c’est-à-dire qu’ils relèvent d’une gamme naturelle en 5 notes. Avec eux, pas de fausses notes comme avec les gammes tempérées (7 notes – les touches blanches du piano) et surtout chromatiques (13 notes, en comptant les touches noires du piano). Ce sont donc des instruments intuitifs très faciles à jouer.
J’utilise aussi plusieurs instruments de pure relaxation : bâton de pluie, tambour de l’océan, chaînette à vent.
J’ai récemment acquis des songponds, qui sont comme des météorites sonores. Fabriqués à la main par une Amérindienne des Appalaches, ils émettent des sons très stellaires.
Les rois de cette famille instrumentale sont les bols de cristal, au son limpide, cristallin et très vibrant, d’autant plus qu’iIs chantent aussi.
Last but not least, les carillons, merveilleux instruments de relaxation si mélodieux et doux.
Deux autres magnifiques instruments pour terminer, que je n’utilise pas toujours en voyage sonore : la guimbarde et la shruti box.